La plus belle montagne du monde. C'est ainsi que l'on qualifie souvent les imposantes falaises calcaires des Alpes du Tyrol du Sud. Les touristes italiens ne sont pas les seuls à venir en pèlerinage dans cette région unique à l'occasion du Ferragosto. Dans les milieux du freeride également, les Dolomites et leurs entailles rocheuses abruptes se sont déjà fait une place dans le cœur des amateurs de couloirs. La saison d'hiver 2008/2009, avec ses quantités de neige exceptionnelles, a également attiré un groupe d'amateurs de couloirs allemands. Vous pourrez lire leurs aventures dans le récit suivant.
Canale Joel
En raison de notre habituel retard matinal, nous ne descendons de la télécabine du Sass Pordoi que peu avant 11 heures. Nous décidons de commencer par une variante sur le versant sud du Sellastock, à laquelle il ne faut consacrer qu'environ quatre heures : Canale Joel. Pour cela, nous traversons d'abord vers l'est en suivant les traces vers le fameux Val Mesdi, mais montons rapidement vers la droite quelques mètres d'altitude après le col de Pordoni, où se trouve l'entrée. Le couloir est à peine incliné à 45°, entièrement orienté vers le sud et déjà bien névé.
C'est une expérience unique que de parcourir ce couloir assez étroit entre de hautes parois rocheuses abruptes, avec vue sur le Passo Pordoi et la Marmolada derrière. Si on ne le savait pas mieux, on aurait peur d'être écrasé par les grandes parois rocheuses. Après un court passage très étroit, le couloir s'élargit et s'aplanit, puis nous descendons encore une belle pente de névé et revenons directement à la télécabine.
Canale Holzer
Prochaine montée en télécabine, prochaine destination, prochain bonheur : le légendaire Canale Holzer. Ce couloir passe directement au nord du Sass Pordoi et se termine dans le Val Lasties. Nous n'avons pas besoin de monter d'un cran pour atteindre l'entrée. Dans le couloir, il y a normalement un endroit où il faut descendre en rappel. Nous partons du principe que cela ne sera pas nécessaire en raison de l'enneigement exceptionnel, mais nous nous engageons tout de même dans le couloir, équipés de harnais, de cordes et de tous les accessoires.
Grâce à son exposition nord et aux hautes parois rocheuses sur les côtés, le Canale Holzer est très bien protégé des rayons du soleil, la neige y est encore vraiment poudreuse. Nous nous engageons d'abord prudemment dans le couloir, l'un après l'autre. Les excellentes conditions rendent non seulement le rappel inutile, mais nous permettent aussi de profiter d'une descente un peu plus rapide.
Vers la fin du couloir, je remarque les nombreux mètres de dénivelé dans ce couloir raide et je ralentis à nouveau. Après la descente raide à travers le Canale Holzer, le dernier tronçon à travers le Val Lasties semble vraiment plat. Après quelques minutes de descente et de traversée, nous nous retrouvons sur la route du col du Pordoi. De là, on monte en stop (bien qu'en Italie, il soit toujours payant d'avoir des membres féminins du groupe avec soi) et on va chercher le reste du groupe en voiture.
Mauvais programme météo : Val Setus
Le deuxième jour, la météo ne joue malheureusement pas le jeu comme prévu. Le ciel est très nuageux et il neige légèrement. Comme nous ne pouvons donc pas nous attendre à trouver du névé sur la descente côté sud du Piz Boè, nous partons tout de suite en direction du nord. La traversée du plateau est très pittoresque, on voit partout les couloirs raides et les formations rocheuses uniques des Dolomites. Le plateau n'est pas vraiment plat, il y a toujours des descentes plus courtes et des contre-montées. L'orientation n'est pas non plus très facile par mauvaise visibilité. Malgré tout, nous trouvons le Val Pisciadù assez facilement et descendons un peu vers le nord à travers la vallée plutôt plate et assez large, avant de traverser le long du côté gauche de la vallée et d'arriver ainsi à l'entrée du Val Setus.
En haut, le Val Setus est encore assez raide et étroit, mais il s'ouvre bientôt et devient plus large et aussi plus plat. Si la neige était encore bien poudreuse dans la partie supérieure, c'est une fine couche de regel qui nous attend dans la partie centrale. Mais plus bas, nous sommes à nouveau récompensés par un beau névé. La descente se termine directement sur les pistes de la Sella Ronda. Plusieurs télécabines et télésièges nous aident à revenir au col du Pordoi. Mais comme nous sommes maintenant en possession d'un forfait journalier, nous faisons d'abord un tour dans le domaine skiable avant de terminer la journée par une authentique pizza italienne cuite au four en pierre à Arabba.
Piz Boè
Après une nouvelle nuit au col, notre dernier jour dans les Dolomites nous accueille sous un soleil radieux. Nous décidons donc de nous attaquer à la descente du Piz Boè aujourd'hui. Nous reprenons donc la télécabine pour monter au Sass Pordoi et commençons par traverser en direction du Val Mesdi, puis nous montons brièvement en peaux de phoque avant de passer aux crampons. Le sommet de 3152 m est atteint en une heure environ. Et bien qu'il y ait entre-temps quelques nuages dans le ciel, la neige est déjà en névé côté sud.
Nous parcourons d'abord la pente sommitale du Piz Boè avant de bifurquer dans le Val de la Fontane et d'attaquer notre dernier couloir. La neige est encore un peu dure ici en haut, mais nous pouvons bientôt placer nos virages dans un névé parfait. Après la sortie du couloir, la neige devient cependant assez rapidement très lourde. Mais après seulement quelques virages supplémentaires, nous arrivons à nouveau sur la route du col, d'où nous faisons une nouvelle fois du stop jusqu'au col du Pordoi. Là, nous entendons déjà le mot "arrivederci dolomiti".
Texte et photos : Lorenzo Rieg
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