L'auteur de PG Bernhard Scholz travaille (entre autres) à un livre sur le ski de pente raide. Il a mené tant d'interviews, fouillé tant d'archives et rassemblé tant de matériel qu'il lui en reste suffisamment pour en mettre quelques-uns en ligne. Sur son blog Skialpinist, on trouve des informations historiques ainsi que des réflexions sur les termes et les définitions. Au fur et à mesure, d'autres informations viennent s'y ajouter, cela vaut la peine d'y jeter un coup d'œil de temps en temps. Il a réuni pour nous un aperçu des débuts de la pratique du ski de pente :
Premières descentes
Au milieu des années 20, on voit apparaître les premières descentes dans la région du Mont-Blanc. En 1930, A. Colossa et H. Muller ont gravi le versant nord-ouest du Mont-Blanc de Tacul. En 1933, Colossa et le photographe Guido Tonella ont descendu le col de Grande Jorasse. Et dans les Alpes orientales, les alpinistes se sont aventurés dès 1931 dans les premières descentes extrêmement raides. Malheureusement, on ne sait plus exactement qui a gravi la face nord du "Zuckerhütl" mentionnée à cette occasion. Ces ascensions étaient dues à l'évolution de la technique de ski, du virage en crampons (vers lequel la technique de Zdarsky avait entre-temps évolué) vers le virage parallèle, grâce à Anton Seelos de Seefeld au Tyrol. Cette technique permettait, avec un meilleur matériel de ski, des pentes de plus en plus audacieuses. La nouvelle technique de Seelos lui a valu quatre titres de champion du monde de ski et il a également remporté de nombreux succès en tant qu'entraîneur des équipes de ski autrichienne et française. Une descente de Matthias Krinner et Hermann Lanzl directement depuis la Westliche Karwendelspitze à travers la Wanne témoigne en outre des compétences techniques des skieurs de l'époque.
La date à partir de laquelle le ski sur parois raides a commencé à être pratiqué, comme on peut le prouver, est probablement 1935.
Peter Schintelmeister et Fritz Kügler ont d'abord réussi les flancs nord du Hochtennspitze. Quelques jours plus tard, le 10 juin 1935, ils descendirent à ski, avec Erwin Schlager, le Fuscherkarkopf dans le groupe du Glockner. Les deux versants sont des randonnées à ne pas sous-estimer, ne serait-ce que dans leur ascension. Le Fuscherkarkopf en particulier compte encore aujourd'hui parmi les courses de glace classiques dans les Alpes orientales. Il s'agit donc de courses pour lesquelles des crampons et des piolets ou des piolets sont nécessaires et dont l'ascension se fait souvent avec une corde. Avec des skis, cela devait être considéré comme une entreprise totalement impossible en 1935. Dans un article publié en avril 1937 dans "Der Bergsteiger"", Peter Schintelmeister et ses camarades alpinistes spéculaient sur les possibilités d'escalader d'autres parois et couloirs d'une déclivité similaire. Ils y mentionnèrent même le canal Pallavicini au Grossglockner - 30 ans avant la première ascension. Schintelmeister aurait en outre effectué plusieurs fois la face nord du Eiskögele dans la région du Glockner. Dans les années 1930, les skis étaient encore considérés comme un simple outil de sport - les touristes les utilisaient pour descendre des pentes douces. Rares étaient ceux qui imaginaient les skis comme outil d'alpinisme. Le récit de Schintelmeister dans "Der Bergsteiger" :
Les descentes de Émil Allais durant l'hiver 1940/41 semblent donc tout aussi en avance sur leur temps. Il fut le vainqueur des championnats du monde de ski à Chamonix en 1937 et à Engelberg en 1938. En tant qu'élève de Seelos, il établit le "ski français" en plus de son activité de moniteur de ski, entre autres par le livre "Ski Francais"". Skieur de compétition accompli et père du ski en France, il gravit en 1940 leDom de Gouter dans le massif du Mont Blanc avec son collègue moniteur de ski et guide de montagne Etienne Livacic. Leur objectif était le versant nord, d'une inclinaison de 40° sur de longues distances. Avec l'alpiniste André Tournier, ils ont réussi à tracer une trace de descente dans la neige sur le glacier de l'Aiguille d'Argentière. De plus, le versant ouest de l'Aiguille des Dru fut également parcouru dès les années 40. La Seconde Guerre mondiale a interrompu les actes d'alpinisme - ou du moins les a durablement écartés des médias. Il fallut ensuite attendre encore quelques années pour que quelque chose de remarquable se produise à nouveau : le Mont-Blanc fut parcouru pour la première fois à ski au printemps 1953 par le célèbre alpiniste Lionel Terray et l'Américain Bill Dunaway. La descente a été réalisée à l'occasion du tournage du film "Étoiles du Mont Blanc"". Lors de la première tentative, les deux hommes ont dû attendre une tempête de neige dans le refuge Vallot, puis Terray s'est également cassé une vertèbre en chutant dans une faille de glace de 20 mètres de haut. Mais le premier ascensionniste de l'Annapurna (8091 mètres) était fait de bois dur, quelques jours plus tard seulement, les deux hommes remontent sur le monarque blanc et la descente est réussie.
En plus de toutes ces descentes qui ont suscité un certain intérêt, on sait qu'un certain nombre de skieurs-alpinistes audacieux ont dessiné d'autres pentes à ski. Toutefois, nombre d'entre eux ne se sont pas fait connaître au-delà de leur rayon d'action local. Dans les Alpes orientales en particulier, une véritable tradition de ski de pente s'est développée et partout où il y avait de la neige, on skiait. Certes, les gens sur place savent encore souvent où des traces de neige audacieuses ont déjà été laissées, mais la plupart du temps, rien n'a été noté et ne perdure que par ouï-dire. Emil Allais et Peter Schintelmeister sont une exception. Ils ont médiatisé leurs descentes abruptes et ont ainsi assuré leur place dans l'histoire du ski. Voir skialpinist.com pour quelques photos d'ensemble et d'autres liens.