Les amateurs de poudreuse et de ski ont appris ces dernières années que les constructions de skis "bananes" sont avantageuses et dérivent du ski nautique. C'est justement dans ce sport d'origine qu'il y a actuellement un énorme élan : les soi-disant "wakeski" s'établissent. Découvrez ce qu'il en est de ces nouveaux engins de sport et comment s'est déroulée la première grande compétition européenne dans la rétrospective du contest et l'interview de fond qui l'accompagne.
Shane McConkey et ses collègues ont essayé pendant des années de nous faire comprendre une chose, à nous les skieurs de poudreuse : La poudreuse a une consistance plus proche de l'eau que du béton. C'est pourquoi les engins de glisse se rapprocheraient de ceux du "ski nautique", le sport d'origine. De nos jours, cette constatation a fait son chemin jusque dans les camps de ski conservateurs de l'Arlberg - le nombre de "skis bananes" ne cesse d'augmenter.
Mais dans le sport qui a donné l'impulsion, une nouvelle tendance se dessine actuellement : les "wakeski" conquièrent les installations de ski nautique. Les wakeski sont un mélange des célèbres wakeboards avec leur forme de banane - traction latérale négative, précontrainte négative, matériaux légers, fixations stables - et des skis nautiques établis, dont on sait qu'on a toujours un morceau à chaque jambe.
Open de wakeski 2010
Le 31 juillet, le Turncable-Park de Thannhausen a accueilli la première compétition digne de ce nom de ce jeune sport à la mode. 18 riders venus de toute l'Europe ont finalement désigné le vainqueur : Sébastien Coll, après une compétition passionnante sur les différents obstacles et kickers.
Résultats
1. Sébastien Coll
2. Chri Böttcher
3. Lukas Gütling
Interview de fond
Le ski nautique et le wakeboard sont connus de nombreux snowboarders et freeriders. Mais qu'en est-il des nouveaux "wakeski" ? Quelle est la différence avec le ski nautique ou le wakeboard ?
Bernhard Scholz, Turncable Thanhausen : Le wakeboard correspond en grande partie au snowboard, sauf que la neige est déjà fondue et qu'il faut une bonne traction d'un bateau ou d'une installation de ski nautique en raison du manque de pente. Bien sûr, l'équipement est également différent : on n'a pas besoin d'un détecteur d'avalanche, d'une sonde ou d'une pelle, mais il faut porter un gilet de sauvetage avec protection contre les chocs. Comme pour la neige, un casque est fortement recommandé.
Les planches et les fixations diffèrent également. Les skis nautiques classiques se rapprochent certes relativement des nouveaux wakeski, mais ils sont nettement plus lourds, moins souples d'utilisation et plus difficiles à pratiquer. Avec les wakeski, il est possible de naviguer en arrière ("switch"), et la flottabilité est également plus élevée. Ils sont un peu plus courts que les anciens skis et développent donc moins de couple lors des tricks. Les fixations sont beaucoup plus solides et un peu plus hautes à la cheville que pour le ski nautique, on est donc mieux fixé et on a plus de contrôle. De plus, les wakeskis sont généralement équipés d'un grindbase pour ménager le matériel lors de tricks sur des kickers, des sliders ou d'autres obstacles. Les sensations de glisse sont bien plus proches de celles du wakeboard que de celles du ski nautique. En principe, l'évolution est similaire à celle qui s'est produite à la fin des années 90 avec le passage des skis classiques aux twintips.
Quelles sont les conditions nécessaires pour pratiquer le wakeski, une bonne apparence suffit-elle ?
BS : Même si une bonne apparence est toujours un avantage, elle n'est pas indispensable pour faire du wakeski. En principe, toute personne sachant nager peut faire du wakeski, il n'y a pas vraiment de limite d'âge, mais il faut avoir un certain âge ou une certaine stature. Les enfants peuvent pratiquer le wakeski à partir de 10 ans environ, selon leur niveau de développement bien sûr. Il n'y a pas de limite supérieure, le sportif le plus âgé rencontré à la Turncable a plus de 90 ans. L'ossature ne doit toutefois pas être endommagée, notamment en cas de problèmes de dos, le wakeski peut être malsain. En cas de doute, il est conseillé de consulter un médecin. Les sauts hauts et larges peuvent entraîner des impacts violents, les tricks ratés sur les obstacles se terminent parfois par un contact avec le plastique. Il faut toutefois souligner que le risque de blessure est faible.
Où peut-on pratiquer ce sport et tester le wakeski ?
BS : En principe, on peut pratiquer le wakeski partout où il y a un plan d'eau. En Allemagne, il existe environ 60 installations de ski nautique (n.d.l.r. : aperçu des installations de ski nautique sous www.wasserski.de), en Autriche et en Suisse, elles sont nettement moins nombreuses. Actuellement, quelques nouvelles installations sont en construction en France.
L'option la plus chère est certainement d'avoir son propre bateau ou son propre treuil. Même à la minute ou à l'heure, il faut mettre la main à la poche derrière un bateau ou avoir un sponsor de carburant bien placé. En revanche, les prix des téléskis nautiques correspondent à peu près à ceux des remontées mécaniques : les tickets journaliers se situent entre 30 et 60 euros, et il est généralement possible d'acheter des tickets horaires bon marché. Pour les débutants, un forfait de deux heures est généralement suffisant, après quoi on n'a de toute façon plus guère de force pour s'accrocher à l'haltère.
Notre wakepark(www.turncable.de) est unique par le nombre d'obstacles, les courtes distances de retour au départ, deux grands téléskis à rotation inverse, un petit téléski d'entraînement et une infrastructure qui prend en charge le sportif de manière complète. Les "Obstacle Wakeboards" et les Wakeski, avec lesquels on peut donc aussi franchir les obstacles, coûtent 17,-/ 25.- euros en location (2 heures/jour). Les gilets de sauvetage et les skis nautiques standard sont inclus dans le prix chez nous, comme dans la plupart des autres installations. Les casques sont également inclus dans la location de wakeski.
Et quel est l'investissement à prévoir lors de l'achat d'un tel équipement ?
BS : Si l'on achète un équipement complet, il faut compter environ 1000 euros pour la planche ou les skis, les fixations, le casque, le gilet de sauvetage et la combinaison néoprène. C'est donc une structure de prix très similaire aux sports d'hiver, mais il n'y a pas autant d'installations que de domaines skiables.
Quelle est la "valeur d'utilité" pour l'hiver ? "Est-ce que le wakeski vaut la peine d'être pratiqué en été par les freeriders ou est-ce que c'est plutôt une activité pour les enfants à la mode ?
BS : En wakeboard ou en wakeski, on utilise en grande partie les mêmes muscles qu'en montagne en hiver. En tant que freerider, on n'a normalement pas non plus de problèmes de coordination pour faire ses premiers "pas" sur l'eau. Les jambes musclées de la neige sont donc conservées lors de la pratique sur les lacs et les rivières. Si l'eau est très ondulée, on a l'impression de skier sur une piste légèrement bosselée, il faut compenser rapidement et beaucoup. Une eau calme est très proche de la neige profonde. Il faut donc rester attentif et agile. Si l'on fait des tricks sur des kickers ou d'autres obstacles, les mêmes compétences sont requises que dans un funpark. En effet, les meilleurs wakeskieurs sont aussi de très bons slopestylers.
On n'a toutefois pas besoin d'autant de force dans les jambes que sur la neige, mais les bras et le haut du corps sont davantage sollicités. L'endurance à long terme n'est pas non plus aussi importante. En revanche, on peut à tout moment s'asseoir dans une chaise longue, se prélasser au soleil sur la plage, contempler les corps bien dessinés du sexe opposé sans trop d'emballage et (en même temps) rassembler ses forces pour l'hiver.