Le Lötschental jouit d'un grand nombre d'adeptes et pourtant, l'ambiance y est beaucoup plus détendue que dans d'autres régions de freeride de part et d'autre du Lötschberg, qui constitue également la frontière culturelle entre le Valais et l'Oberland bernois. Plus on s'y rend tard dans l'année, moins on y trouve de freeriders et donc de concurrents potentiels. Il y a une bonne raison à cela : le terrain varié autour de la Lauchernalp est en grande partie orienté vers le sud et n'est donc pas du tout une garantie de poudreuse au printemps. A l'opposé du côté ensoleillé du Valais se trouve le territoire bernois : le monde ombragé de la profonde vallée de Gasteretal, qui cache quelques-unes des meilleures descentes raides et faciles d'accès. L'histoire a toutefois un petit défaut ; mais nous y reviendrons après la descente...
Description de l'itinéraire
Le point de départ de la descente freeride est la station supérieure du Hockenhorngratbahn, à environ 3110 m d'altitude. De là, on suit la trace généralement bien tracée sous le Hockenhorn en direction du Lötschenpass. C'est surtout au printemps que cette traversée suivie d'une descente vers le refuge du Lötschenpass puis vers Loèche-les-Bains via le Gitzifurggu est très appréciée. Au niveau de la brèche avant le Klein Hockenhorn, on a la possibilité de rendre une courte visite à son grand frère via une arête ouest peu difficile. Si les conditions d'enneigement sont bonnes, les skis peuvent également être emportés, car il est possible de descendre directement du sommet si l'enneigement et les capacités le permettent. Au sommet, à 3293 m d'altitude, on peut profiter d'un panorama à couper le souffle dans toutes les directions. Prédicat : It's a must!
Mais venons-en maintenant à la véritable raison pour laquelle nous avons entrepris ce long voyage vers le Lötschental reculé. Dès la descente du Hockenhorn, on a une vue sur les parois presque verticales de la chaîne du Hockenhorn. Ce n'est que 1700 m plus bas que les brusques chutes se fondent dans le fond plat de la vallée de Gasteretal. On peut douter de son intention à ce moment-là, mais il existe effectivement une ligne praticable, et même plusieurs, à travers ce labyrinthe de roches verticales. Juste en dessous du Klein Hockenhorn, une étroite bande de neige (attention, au début de l'hiver, elle est souvent soufflée et parsemée de rochers), un peu cachée et coincée entre deux barres rocheuses, mène à la profondeur. Lorsque l'on se trouve au début du couloir, l'un ou l'autre aura peut-être d'abord le cœur qui se serre, car on ne voit pas au premier abord où ce canal va nous recracher. Après quelques virages techniques dans l'entrée, qui est peut-être à 40°, le couloir étroit gagne encore en raideur jusqu'à atteindre 45°.
A environ 3000 m, le couloir s'ouvre sur une courte pente qui, après quelques virages, s'effondre aussitôt en rochers. Il ne faut donc en aucun cas se permettre de tomber jusqu'ici. À cet endroit, on traverse à droite du skieur et on a maintenant le champ libre pour faire des big turns à travers un large bowl jusqu'à un passage de terrain marqué au sud de la Burstegge à environ 2460 m. A cet endroit, on s'engage dans une ligne de pente d'environ 40° qui se rétrécit à nouveau pour former un couloir marquant.
Une fois ce passage franchi, les pentes larges et moins raides de Schönbüel invitent à de grands virages. Toute la ligne se dévoile alors et l'on se rend compte, comme des écailles, qu'il y aurait encore l'une ou l'autre ligne à parcourir. De Schönbüel, on suit le Leitibach sur son côté ouest. Ceux qui pensaient que le plaisir était terminé à Schönbüel sont immédiatement détrompés. En effet, la descente se poursuit à travers une forêt clairsemée, exposée au nord, sur 500 mètres de dénivelé supplémentaires, en direction du fond de la vallée à Selde. Entre-temps, il est grand temps de faire une pause et d'étudier les parois nord de la chaîne Hockenhorn-Sackhorn-Elwertätsch, où l'œil exercé peut encore découvrir bien des lignes.
Comme nous l'avons dit, l'ensemble a un manque, ce n'est pas sans raison que le Gasteretal ne reçoit guère de visiteurs en hiver : après avoir poussé et porté les skis pendant environ une heure et demie jusqu'à Eggeschwand (liaison par bus toutes les heures avec la gare de Kandersteg), on sait aussi pourquoi... Malgré tout, ces lignes valent la peine et, en outre, le Gasteretal est difficilement égalable en termes de sauvagerie et d'isolement. Alternativement, si l'enneigement est bon, il est possible de monter de Schönbüel au Lötschenpass sur environ 700 mètres de dénivelé et de redescendre vers le sud sur 1300 mètres supplémentaires jusqu'à Ferden. Attention : la remontée passe par des pentes exposées à l'est et menacées par les avalanches, en dessous de l'impressionnante face est du Balmhorn.
Conclusion
C'est une randonnée de freeride très variée et exigeante, qui ressemble à un petit safari à ski du Valais à l'Oberland bernois. A condition que les conditions soient sûres, elle offre beaucoup de plaisir et de défis et on a pour ainsi dire une "garantie de premières lignes". Où peut-on trouver cela ailleurs ? Pour les amateurs de couloirs raides et exposés, d'autres possibilités s'offrent à eux, mais je ne les dévoile pas (encore)... ;)
Informations
5 (échelle de 5 niveaux): ****
Dangers particuliers: Couloir d'accès, Terrain très raide et exposé
Pente moyenne/pente maximale : 35°/ 45°
Exposition: W-N
Hauteur départ et arrivée: 3293 m | 1200 m
Hauteur montée et descente: 200 m | 2050 m
Durée: 3.5 heures
Meilleure période de l'année: février - mai
Hébergement: Divers dans le Lötschental, Recommandé : "Hotel Bietschhorn" à Kippel
Adresses :Office du tourisme du Lötschental Itinéraire: Vers Wiler, Lötschental - chargement des voitures Lötschberg via Kandersteg ou transports publics via Berne - Thoune - Spiez - Goppenstein
Cartes topographiques: Carte nationale 1:25.000 : 1268 Lötschental
Livre conseillé : CAS Randonnées à ski Alpes bernoises Est