Ces derniers temps, il a neigé abondamment sur le versant nord des Alpes. Notre collègue Orakel a lancé deux alertes à la poudreuse en quatre jours, et cela veut dire quelque chose. Nous continuons à lui laisser les détails concrets et nous nous consacrons aux contextes plus larges qui rendent tout cela possible.
Downstream Development
Considérons donc d'abord la situation des courants dans l'hémisphère nord vendredi dernier (carte 1). L'Europe se trouvait dans un courant d'ouest relativement chaud. Nous nous souvenons de la pluie jusqu'à des altitudes élevées ! La dépression située dans la région de la côte atlantique nord-américaine a été décisive pour la suite des événements. Elle s'est creusée de plus en plus et a déversé à l'avant de plus en plus d'air chaud vers le nord, formant ainsi un coin au-dessus de l'Atlantique (carte 2). En aval, le courant s'est orienté vers le nord et de l'air froid a été aspiré au-dessus des îles britanniques et transporté vers le sud (carte 3). Nous nous souvenons d'une baisse marquée des températures le samedi et, par la suite, d'une neige de plus en plus duveteuse ! En à peine trois jours, la situation météorologique générale en Europe centrale avait complètement changé : A quelques 1000 kilomètres à l'ouest, donc en amont, il s'est passé quelque chose qui a déclenché un développement en aval : on parle de Downstream Development, a.k.a. DD.
Les ondes planétaires
Nous voyons donc une fois de plus que tout est en quelque sorte lié. Le jet est comme une boucle mal ficelée autour de l'hémisphère nord. S'il lance une nouvelle vague quelque part, cela influencera tôt ou tard notre météo. La théorie sous-jacente a été imaginée dès 1939 par un certain Monsieur Rossby. Il existe diverses équations qui décrivent le comportement des liquides sur des sphères en rotation. (Après tout, qui ne s'intéresse pas aux liquides sur les sphères en rotation ?) Si l'on en jette quelques-unes dans le mixeur, on obtient une équation différentielle harmonique du deuxième ordre qui ne laissait aucun répit à M. Rossby jusqu'à ce qu'il découvre que sa solution devait avoir la forme d'une onde périodique. Jusqu'alors, l'existence d'ondes planétaires avait été soupçonnée, mais les maigres données de mesure n'avaient pas permis de la prouver. Rossby a également pensé que la vitesse de phase de telles ondes dépendait entre autres du carré de la longueur d'onde. Les grandes ondes se déplacent plus lentement que les petites et peuvent même, dans certaines circonstances, se déplacer rétroactivement (vers l'est). Pour nous, cela augmente les chances que le schéma général des courants se maintienne un certain temps. Pour la semaine à venir, nous sommes à l'affût de la double D (un mal pour un bien !) et pour le week-end, nous attendons des nouvelles de l'Oracle.
