BlogMétéo 12 2018/19 | Le vortex polaire amène le barrage du sud de manière détournée

La dérive du vortex polaire apporte du froid à l'est des États-Unis et une météo atlantique dynamique

L'un des centres de basse pression se trouve au-dessus du nord-est du Canada et provoque actuellement des températures parfois extrêmement froides dans la moitié est du Canada et aux États-Unis. Dans certaines régions du Midwest, on prévoit les températures les plus froides depuis 20 ans. Une station météorologique du Dakota du Nord a enregistré dès mardi une température "Windchill" de -61 degrés Fahrenheit (-52C). La température réelle de l'air était de -25F (-32C). Plus à l'ouest, l'autre côté de la vague charrie de l'air anormalement chaud jusqu'à l'extrême nord, et au BlogMétéo d'Interior Alaska, on s'inquiète de l'état des routes. La chaussée enneigée, habituellement froide et sèche comme de la poussière, devient en effet extrêmement glissante lorsque le dégel se produit exceptionnellement.

Le temps en Europe est également plus ou moins directement lié à la dérive du vortex polaire dans l'est du Canada. Celui-ci fait en sorte que de l'air froid arrive en permanence dans le nord-ouest de l'Atlantique et y favorise le développement de dépressions. De nouvelles dépressions atlantiques se déplacent sans cesse vers l'Europe le long de la dérive vers l'ouest et empêchent l'anticyclone des Açores de se propager vers le nord - d'où le caractère changeant du temps de ces derniers jours, marqué par l'Atlantique.

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500hPa Géopotentiel et pression au sol, mercredi 30.1.19. Des masses d'air froid sur le NE du Canada stimulent l'activité dépressionnaire atlantique.

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Haute pression à l'est contre dépressions atlantiques

Ce que l'anticyclone des Açores ne parvient pas à faire actuellement, l'anticyclone continental à l'est y parvient de plus en plus. Il se transforme de plus en plus en blocus pour les perturbations atlantiques, de sorte que celles-ci glissent vers le sud au-dessus de l'Europe de l'Ouest et - comme on peut le voir dans la dernière PowderAlerte - apportent de la neige dans les Alpes occidentales, avant de reprendre de la vitesse en Méditerranée.

Ce mercredi, une petite perturbation suit la route mentionnée et apporte des nuages et des chutes de neige modérées dans l'espace alpin. Dans les Alpes orientales, le temps restera agréable et sec plus longtemps. De la neige fraîche significative ne tombera probablement que dans le sud-ouest, où les quantités resteront inférieures à l'alerte. Jeudi, une brève influence anticyclonique se fera sentir avant que la prochaine perturbation ne glisse vers la Méditerranée. Dans l'ouest, le temps devrait redevenir maussade dès l'après-midi, tandis que dans l'est, le temps restera assez agréable jusqu'en soirée. Au sud des Alpes, des chutes de neige débuteront d'ouest en est et devraient s'intensifier partout vendredi. On attend avec impatience un message de l'oracle. Comme d'habitude, la congestion au sud est synonyme de foehn au nord, les précipitations parvenant à remonter relativement loin vers le nord grâce aux forts courants d'air. En fin de semaine, les chutes de neige s'atténueront d'ouest en est.

Question d'un utilisateur : incertitude des prévisions

PG - L'utilisateur skimale7892 a constaté la semaine dernière : "Vendredi, le bulletin météo alpin a annoncé assez soudainement qu'un front (chaud ?) intégré dans la situation météorologique généralement pauvre en précipitations nous atteindrait demain (sam) et apporterait de la neige fraîche notable. Avant-hier (mercredi), il n'était absolument pas question de ce front et aucun modèle/prévisionniste ne l'avait sur son écran."

Pour en avoir le cœur net, le BlogMétéo a rassemblé dans la galerie d'images ci-dessous une série de cartes de prévision pour le samedi 26 janvier à 13h00, à savoir à chaque fois le passage à 18h00 du modèle du mercredi précédent (23 janvier) et du jeudi précédent (24 janvier). Sur les cartes de géopotentiel 500hPa - qui donnent un bon aperçu de la situation météorologique générale - il faut regarder de près pour voir une différence entre le passage du mercredi et celui du jeudi. Même chose pour la comparaison des cartes Theta E, sur lesquelles on voit bien les fronts.

Nuages de foehn dans la chaîne de l'Alaska — Nuages de fœhn dans la chaîne de l'Alaska

LH

FC

La différence, petite mais essentielle dans ce cas, réside dans la position exacte de la limite de la masse d'air marquée froid au sud et chaud au nord. Dans la course de mercredi, l'air froid associé à la dépression au sud de la Méditerranée était supposé être encore un peu plus au nord, dans la course de jeudi, il est un peu plus au sud. L'anticyclone à l'ouest aurait dû, selon la course de mercredi, s'étendre un peu plus à l'est en direction de la Suisse occidentale, alors que la course de jeudi a reconnu un "bombement" un peu moins important dans cette direction. La direction du flux d'air est donc peu modifiée, mais suffisamment pour que le caractère du temps dans la zone de la limite de la masse d'air passe de "frais et sec" à "plus chaud et humide".

Les précipitations résultant de cette constellation anticyclone/dépression/chaud/froid se trouvaient donc déjà mercredi sur l'écran des prévisionnistes et de toute façon sur celui des modèles, elles étaient seulement supposées un peu plus au nord. Pour le modèle GFS, "un peu plus loin" signifiait approximativement 300-400 km d'après les cartes, pour l'ICON du DWD, c'était seulement 100-200 km. En combinaison avec la topographie complexe des Alpes (les précipitations sont parfois renforcées par le glissement de l'air chaud sur l'inversion froide dans les vallées et les effets de barrage), 100 km de plus ou de moins peuvent déjà signifier une différence considérable pour le temps local et régional, comme samedi dernier par exemple. Mais 100 km de plus ou de moins pour des limites de masses d'air plus petites sont, selon la situation météorologique, tout simplement à la limite de ce que les modèles météorologiques peuvent voir de manière fiable 3 jours à l'avance.