Lors des fêtes de Pâques, l'hiver a fait son retour en rugissant. L'ouragan Niklas a été suivi par d'autres perturbations insérées dans un courant tendu de NW, ainsi que par de la neige et du froid jusque dans les vallées. Le lundi de Pâques avait plutôt l'air d'une journée de la Saint-Stéphane réussie. Cette impression a tout au plus été troublée par des grondements de tonnerre occasionnels.
Les orages d'hiver sont rares et il arrive au BlogMétéo de tressaillir brièvement lorsqu'il y a soudain des éclairs et du tonnerre en faisant du ski. En anglais, les orages d'hiver s'appellent Thunder Snow, un néologisme à mon avis plus poétique. La neige tonnante est souvent mêlée de grésil et, comme pour les orages d'été, les intensités de précipitations sont parfois très élevées. En fait, les orages d'hiver se forment de la même manière que les orages d'été, mais comme il fait plus froid et que l'atmosphère est généralement constituée de couches plus stables, les violents processus de soulèvement nécessaires à la formation d'un orage ne se produisent que rarement. Alors qu'en été, lors des orages de chaleur typiques, le sol se réchauffe de plus en plus sous l'effet du rayonnement solaire (ce qui crée le gradient de température vertical nécessaire), lors des orages d'hiver, les couches supérieures de l'air se refroidissent généralement, par exemple par l'apport d'air froid polaire. Une différence de température d'environ 30 degrés entre 1500 m et 5000 m d'altitude serait déjà une bonne condition. En plus d'un fort gradient de température, nous avons besoin d'un déclencheur qui veille à ce que l'air chaud au sol puisse être soulevé. Dans les régions côtières ou près des grands lacs, la différence de température entre la surface chaude de l'eau et l'air froid en altitude suffit parfois à déclencher la convection (effet "lac"), mais un orage n'y est généralement déclenché que par un soulèvement frontal. Comme c'est souvent le cas, la topographie peut également jouer un rôle, en renforçant nettement les processus de soulèvement, de sorte que les orages sont plus violents dans les zones de barrage. Le plus divertissant est bien sûr lorsque de l'eau chaude, un front puissant et des montagnes se combinent. Malgré les quantités considérables de précipitations en fin de mois, le mois de mars (tout comme février) a été exceptionnellement sec par rapport à la moyenne pluriannuelle. Mieux vaut tard que jamais, et dans certaines régions de barrage, les précipitations ont été suffisamment abondantes la semaine dernière pour que le bilan pluviométrique soit équilibré au dernier moment.
Les prochains jours seront largement ensoleillés sur l'ensemble de l'arc alpin. Des précipitations sont en vue au plus tôt lundi et pour l'instant, il ne semble pas qu'il y en ait beaucoup. À moyen terme également, les signes sont plutôt agréables, assez secs et généralement assez printaniers. Le grand creux des jours de Pâques disparaît vers l'est et les Alpes glissent dans l'anticyclone d'une situation météorologique générale de type Omega.
