Le centre touristique de la Patagonie est, en été comme en hiver, San Carlos de Bariloche. Les groupes d'écoliers argentins et les touristes brésiliens en forfait sont d'une présence impressionnante : ils apparaissent toujours et partout en meute, reconnaissables à leur look unique en vêtements d'hiver empruntés.
Après quelques jours, le temps s'améliore enfin.
?et nous partons à la découverte des refuges dans les montagnes environnantes. C'est la raison pour laquelle je continue à venir ici. Le plus facile à atteindre est le Refugio Frey, qui est également ouvert en hiver. Des couloirs de névé raides au printemps aux pentes ouvertes de rêve, il y a ici tout ce que l'on peut désirer, plus ou moins devant sa porte. Pendant les ascensions, nous passons le temps en jouant à "si j'étais un podcast de film de ski, je mettrais le cameraman là-bas et puis....".
Deux vallées plus loin, loin du domaine skiable et des autres, se trouve le Refugio Jakob. Nous avons l'agréable salle d'hiver pour nous seuls et profitons du calme et des nuits étoilées de pleine lune. Malheureusement, les températures élevées ne nous permettent pas de faire tout ce que nous souhaiterions, mais nous trouvons tout de même quelques lines sympathiques.
Après quelques jours de repos en ville, avec des douches chaudes luxueuses et de la glace au petit-déjeuner, nous continuons vers Villa la Angostura, une petite ville de l'autre côté du lac. Ici, la vie est un peu plus calme qu'à Bariloche et nous sommes presque les seuls à profiter comme il se doit du site remarquablement beau du Cerro Bayo. La région nous plaît tellement que nous restons presque une semaine et faisons de courtes randonnées depuis la station de ski dans des conditions optimales.
À un moment donné, il est tout de même temps de changer d'air et nous décidons de partir un peu en exploration le long du col frontalier avec le Chili. À travers une mer d'étranges vagues gelées, nous nous mettons en route depuis le point de selle et trouvons effectivement rapidement une zone particulièrement agréable où nous passons le reste de la journée. La vue est spectaculaire et l'on voit au-delà des lacs et du paysage de dunes de neige, profondément dans le monde inhabité des montagnes. Le cœur lourd, nous rentrons en ville le soir, mais pas sans avoir fait un peu de surf, les vagues de neige étaient trop tentantes pour cela.
Il me reste à peine une semaine avant de rentrer chez moi.
?et je dois me décider pour un dernier voyage. Comme le temps est déjà printanier, les conditions devraient être bonnes pour faire un peu de ski sur les volcans. Nous louons une voiture à Bariloche et parcourons un petit bout de la légendaire Ruta 40 jusqu'à Junin de los Andes. De là, nous ne sommes plus très loin du volcan Lanín, une pyramide isolée que l'on peut même voir par beau temps depuis le Cerro Catedral, à plus de 300 km de là. Avec ses 3800 m d'altitude, le Lanín domine tout le reste, ce qui en fait une destination très appréciée et attrayante.
À mi-hauteur environ, il y a plusieurs petites boîtes de bivouac et comme nous n'avons pas envie de monter 2600 mètres en une journée, nous optons pour des sacs à dos plus lourds, avec sac de couchage et réchaud, et une nuit en montagne. Accompagnés d'un petit cabot mignon qui nous a rejoints au parking, nous atteignons notre objectif du jour après à peine 6 heures et nous nous allongeons encore un peu au soleil de l'après-midi.
Le lendemain matin, nous continuons avec des crampons. Après trois heures et demie, nous sommes au sommet et, comme prévu, le monde est à nos pieds. Les premières centaines de mètres de la descente sont assez glacés et plutôt désagréables, puis Simon au moins profite de 2000 mètres de névé parfait. Malheureusement, une de mes fixations s'arrache à mi-parcours et le reste de la descente s'avère un peu plus intéressant sur un seul ski de télémark.
Épuisé, je parviens tout de même à regagner la voiture, où Simon s'est déjà installé confortablement avec la bière qu'il a rangée. Nous fêtons la fin de la saison, l'Argentine et les Andes, et sommes d'accord sur le fait que presque trois mois n'ont pas suffi pour profiter de toutes les belles montagnes ici. Nous avons au moins une raison suffisante de revenir l'année prochaine...
