Notre prochaine destination est le Mont Aigoual. Après quelques kilomètres, le paysage change complètement. Les hauts plateaux et les canyons abrupts sont remplacés par des forêts denses de châtaigniers. Comme les châtaignes ne poussent que sur les roches primaires, c'est-à-dire le gneiss et le granit, la raison de ce changement de paysage est claire. Et c'est vrai, puisque les Cévennes sont composées en partie de calcaire et en partie de roches siliceuses ancestrales. Pour nous, cela n'a pas d'importance, ici aussi, le paysage est magnifique pour faire du vélo. Cependant, nous avons fait une erreur dans le choix de l'itinéraire. Une grande partie du fameux chemin des 4000 marches se trouve encore dans le parc national, où il est interdit de faire du vélo en dehors des chemins larges. Puisque nous sommes ici, nous voulons au moins voir le Mont Aigoual, qui culmine à 1565 m, et nous pédalons courageusement jusqu'en haut. Il doit y avoir beaucoup de monde en été, mais à la fin du printemps, il n'y a pas de circulation. Nous passons devant une station de ski à moitié déserte - on peut donc skier à 60 km de la Méditerranée en moyenne montagne ! - nous atteignons les premiers restes de neige et il commence à faire sensiblement frais.
Arrivés au plateau sommital, nous constatons qu'il n'y a vraiment personne aujourd'hui, si bien que nous osons emprunter le Sentier des Quatre Mile Marches malgré l'interdiction, sûrs de ne pas déranger les randonneurs. Et en effet, nous ne rencontrons pas âme qui vive. La descente d'un peu plus de 1200 mètres de dénivelé ne s'appelle pas pour rien le chemin des 4000 marches et est extrêmement exigeante, et extrêmement variée. Il faut sans cesse escalader quelques passages rocheux impraticables avec les vélos sur l'épaule. Ceux qui ont fait cette descente ne l'oublieront certainement pas. Complètement épuisés, nous atteignons notre lieu de départ, Valleraugue, après presque trois heures de descente dans les dernières lumières...
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Texte de l'article : Tobias Kurzeder, Jan Sallawitz, Holger Feist | toutes les photos : Stefan Neuhauser