Il est bien connu que le ski de randonnée et le freeride sont en plein essor depuis un certain temps déjà et qu'ils apportent aux fabricants des taux de croissance constants par rapport au ski alpin qui stagne. Les fabricants essaient de combiner le meilleur des deux mondes et d'atteindre ainsi un nouveau groupe cible. Le leader du marché dans le domaine du ski de randonnée est Dynafit et, au plus tard depuis l'engagement du pro freerider Eric Hjorleifson, il était prévisible que Dynafit tenterait de poursuivre son expansion dans le domaine de la randonnée freeride également.
Je me souviens avec plaisir de mes débuts dans le ski de randonnée, lorsque le segment du freetouring n'était pas encore né et que mon équipement me valait encore de nombreux regards incrédules de la part de skieurs de randonnée perplexes. Personne ne pouvait comprendre ce que je faisais là-haut avec mon Völkl Gotama de première génération et un Fritschi Titinal III. La plupart du temps, il ne fallait pas longtemps pour que quelqu'un ose me demander s'il s'agissait d'un snowboard à assembler.
Depuis, quelques années ont passé et les deux disciplines ont fait d'énormes progrès. Pour autant que nous disposions de l'argent nécessaire, nous pouvons aujourd'hui avoir recours à un très bon matériel qui nous permet de gravir et de descendre les montagnes encore plus rapidement et plus facilement.
Avec le Huascaran, Dynafit a couronné son segment freeride-touring en lançant sur le marché un ski qui s'adresse clairement aux skieurs de randonnée orientés vers la descente. Avec son Tip Rocker prononcé, appelé Scoop Rocker chez Dynafit, un Tailrocker relativement court ainsi qu'un sidecut normal sous la fixation, le Huascaran se veut néanmoins polyvalent. Ses dimensions font aussi dresser l'oreille aux freeriders habituels et avec une largeur moyenne d'environ 114 mm (varie selon la longueur) et une longueur maximale de 196 cm, le Huascaran ne laisse aucun doute sur son domaine d'utilisation. L'utilisation d'un noyau en bois de paulownia combiné à du bambou et des brins de hêtre a permis d'obtenir un poids léger de 3,7 kg pour une longueur de 186 cm.
J'ai fait mes premiers virages avec le Huascaran (186 cm) lors de quelques randonnées à ski dans des conditions plus mauvaises que bonnes. J'ai été surpris par sa maniabilité et son accroche de carres plutôt bonne malgré ses dimensions. Cela est dû au triple rayon sous le pied, qui varie en fonction de la pression de la carre. On peut s'imaginer que plus la pression exercée sur la carre est importante, plus le rayon est court et plus le ski tire dans les virages. J'ai également testé cela en début de saison sur une piste de neige artificielle dure comme le roc et j'ai été à nouveau très surpris de voir à quel point le Huascaran se laissait facilement tirer sur la carre. Dans son domaine d'utilisation habituel, en dehors des pistes, il montre tous ses points forts, il flotte très bien, se laisse facilement piloter et, grâce à sa construction en spatule, il n'est guère impressionné par les conditions de neige compactée. Il se laisse relativement bien dériver et ne surcharge pas le skieur, même en forêt. Je qualifierais son flex de moyen, pas dur mais pas mou non plus. Il est donc adapté à presque toutes les vitesses, le Huascaran n'atteignant ses limites qu'à très grande vitesse et sur un sol instable. Il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à des conditions très raides et dures, où j'ai dû lutter à plusieurs reprises avec une spatule qui claquait à cause du long tip rocker, mais cela a été relativement facile à éliminer en appuyant un peu plus sur le talon du ski. Mais je ne me suis jamais senti vraiment à l'aise avec le Huascaran, car je ne pouvais pas adopter ma position neutre habituelle sur le ski. Mais il y a définitivement des skis meilleurs ou plus adaptés pour skier dans des conditions raides et difficiles. Je ne comprends pas tout à fait l'utilisation du Micro Sidewall en combinaison avec une construction Cap. Ni l'un ni l'autre n'a beaucoup de sens dans cette combinaison, à part pour économiser du poids. A mon avis, il aurait été préférable d'utiliser une construction complète de chants latéraux, peut-être un peu plus lourde, mais aussi plus résistante aux attaques de requins.
Conclusion: Le Huascaran de Dynafit est un bon ski de randonnée freeride, à exécuter de préférence dans de bonnes conditions de neige molle. Mais il fait aussi bonne figure sur un terrain dur. Sa construction en fait certes un poids plume dans son segment, mais je suis sceptique quant à son utilisation comme ski de tous les jours ou pour le freeride normal dans les domaines skiables. La construction Micro-Sidewall associée à une construction en demi-cap atteint rapidement ses limites en termes de durabilité.