Le fabricant de skis autrichien Blizzard promet, avec sa série Zero, rien de moins que "d'introduire une révolution dans le segment du ski de randonnée" - autrement dit : légèreté sans compromis sur la performance en descente. Cela ressemble donc exactement au ski que nous avons toujours recherché. C'est pourquoi, lors d'un voyage en Nouvelle-Zélande, nous avons testé dans différentes conditions si le Zero G était le ski avec lequel nous pouvions profiter d'une "montée facile" une "descente difficile"
Hard Facts et Test Set Up
Le Zero G a été testé avec une largeur centrale de 108 mm et une longueur de 185 cm. La fixation utilisée était une Marker Kingpin 10 dans la version de location (à propos de cette fixation qui ne provient pas de la maison Blizzard, nous aimerions juste faire remarquer que nous recommandons la version 13 de la Kingpin pour ce ski).
Pour la montée, des peaux de Pomoca (le fabricant suisse de peaux du groupe Oberalp fabrique par exemple aussi les peaux pour K2) ont été utilisées. Le ski a été testé par un homme de 182 cm et 81 kg au style de ski sportif pendant 15 jours de ski en août 2015 en Nouvelle-Zélande. À l'exception du névé ou de la poudreuse printanière, il y avait un large éventail de conditions de test allant de plus de 40 cm de poudreuse à des dos glacés et soufflés en passant par des variantes déchiquetées. Le ski a toujours été utilisé avec un K2 Pinnacle 130 de la saison 14/15. Le Zero G 108 est disponible dans les longueurs : 171, 178 et 185 cm. Le taillage de 136-108-122 mm donne un rayon de 27 m pour la version de 185 cm. Blizzard indique un poids de 1750 g par ski (pour une longueur de 185 cm : 0,79g/cm2 - une mesure personnelle n'a pas été possible en raison des fixations déjà montées). Le ski est construit en sandwich, il y a en outre un "Compound Sidewall" et un "Carbon Drive" Layer (plus de détails ci-dessous). Le prix de vente conseillé du ski est de 749 euros.
Première impression:
Lorsque l'on soulève le Zero G pour la première fois, on est tout de suite frappé par son faible poids pour un ski de cette taille et de cette largeur. Avec 108 mm de largeur centrale et 185 cm, 1750 g par ski sont vraiment très légers. Mais le Zero G n'est pas pour autant le ski le plus léger parmi les freetourners. Pour pouvoir classer correctement le poids, voici quelques indications sur des skis qui ont été conçus pour un domaine d'utilisation similaire (indications du fabricant) : Black Diamond "Carbon Convert" longueur : 188 cm, taillage 134-105-117, poids : 1550 g ; Whitedot "R.108" Longueur : 186 cm, Taillage 138-108-119, Poids : 1760 g ; Down Skis "Countdown 107" Longueur : 184 cm, Taillage 127-107-121, Poids : 1800 g.
Cette comparaison montre que le Blizzard se laisse bien voir avec son poids, mais qu'il n'est pas non plus nettement meilleur que ses concurrents en termes de poids. La forme du Zero G rappelle celle d'un ski de big mountain : un rayon de 27 m, un tail assez peu prononcé, un tail plat, un rocker court et peu de cambre invitent à des virages rapides et devraient assurer une fluidité suffisante même dans des conditions plus difficiles. Ces caractéristiques donnent en tout cas envie de tester une version 190+ cm pour voir si la Zero G peut être l'arme de big mountain à pleine vitesse que son shape promet. Le sidewall, la base et les carres sont, comme on le sait de l'entreprise traditionnelle salzbourgeoise de Mittersill, bien travaillés et semblent solides. Comme sur la plupart des modèles haut de gamme de Blizzard, la couleur orange vif du topsheet, au design par ailleurs très simple, se distingue. La base est entièrement noire, à l'exception du logo sur les spatules, ce qui fait que les Core Shots, souvent inévitables en freeride, passent inaperçus après les réparations, du moins visuellement.
Performances en descente
Qu'on soit arrivé au point de départ de la descente à la force des bras ou avec le téléski, c'est à partir de ce moment-là que le Zero G peut faire valoir ses points forts. Sur le chemin de la vallée, elle est le freerider orienté vers la descente que promettent les textes de marketing. On ne ressent pratiquement rien de la construction légère. Le ski est silencieux et les carres tiennent bien. Le tiprocker et le tail se fondent avec fluidité dans le cambre, de sorte que l'on ne sent pas le début du rocker à l'avant et que le tail pardonne longtemps un recul techniquement imprécis. En ce qui concerne la performance en descente, le "Compound Sidewall" et le "Carbon Drive" Layer semblent faire du bon travail. La technologie utilisée dans le sidewall est censée améliorer la transmission des mouvements du skieur sur la carre et générer une pression constante sur toute la longueur du ski. En résumé : dans la pratique, on a l'impression de pouvoir bien utiliser toute la longueur de la carre et on acquiert ainsi rapidement une confiance dans la carre qui n'est pas déçue, même dans des conditions glaciales. La couche "Carbon Drive"" doit, grâce à une géométrie 3D spéciale (construction de cadre unidirectionnelle en fibres de carbone), assurer une rigidité optimale en termes de flex et de torsion et, selon le fabricant, créer rien de moins que "un niveau de stabilité et de contrôle encore jamais atteint dans le domaine de la randonnée". En descente, le Zero G est donc, pour l'exprimer sans vocabulaire technique et marketing chic : dur et silencieux. Et franchement, pour un ski de ce poids, il est étonnamment dur et silencieux. Les skis avec une construction en carbone, malgré des valeurs de flex (mesurées) identiques à celles des variantes sans carbone du même modèle, peuvent parfois paraître instables (surtout au niveau du nose) ; ce n'est pas le cas du Zero G et on se sent très à l'aise sur le Zero G en descente.
Les sections dures ou instables peuvent être maîtrisées de manière souveraine et même à grande vitesse, le ski ne perd guère de sa fluidité. Dans les couloirs raides, on peut, avec une technique appropriée (la Zero G doit être conduite à partir de la cheville), compter sur le ski, grâce à sa faible ligne de cotes et à sa rigidité, même dans des conditions plus dures. Dans la neige profonde, la Zero G profite de sa largeur moyenne - mais en raison du faible Tip Rocker, il faut faire attention plus tôt que sur des modèles comparables pour que la pointe du ski ne plonge pas. Les sauts se réceptionnent bien grâce à la rigidité du tail, comme on en a déjà l'habitude avec les autres skis de freeride de Blizzard. Si l'on aime parfois se retourner à 180 degrés lors d'un saut, la prudence et le savoir-faire sont de mise avec le Zero G ! Le tail plat sans tail rocker peut ici jouer un mauvais tour. Le ski se déplace certes en switch, mais il est nettement moins ludique que les freeriders avec tail rocker. D'une manière générale, la forme du Zero G en fait un ski plutôt peu ludique. Le rayon de 27 m, le Tip Rocker court et le tail rigide exigent de la technique et une conduite précise. En raison de la faible précontrainte, le ski peut vite paraître un peu lent, surtout si l'on devient trop passif dans son style de conduite. Dans certaines situations, on aimerait quand même avoir un peu de tip rocker, par exemple dans un sillon, pour laisser le tail lubrifier le virage. On aimerait aussi parfois un peu plus de rayon, par exemple pour enfoncer quelques virages plus courts dans la neige lors de l'outrun d'une ligne sur la piste. Lorsque le virage sur la piste dure un peu plus longtemps, on remarque aussi la largeur centrale de 108 mm. Souvent, le Zero G se comporte comme un ski de course FIS par rapport à un carver de course de haute qualité. Le ski de compétition offre une performance de pointe dans certaines situations, mais pour cela, il faut "bien se mettre dedans"". Le Race Carver n'atteindra certes pas cette performance, mais il rend souvent la vie (de skieur) un peu plus facile.
La base et les carres sont robustes à l'usage et se révèlent très résistantes même au contact des pierres. En revanche, le topsheet et le sidewall ont subi des traces notables à l'usage et semblent nettement moins robustes. Sur demande, le fabricant Blizzard nous a confirmé que le modèle de test était une présérie. Citation de Blizzard : "Lors de la production en série, des topsheets plus robustes et plus résistants à l'abrasion ont été utilisés, sans bien sûr influencer négativement le poids. "
Performances à la montée et peaux
Un poids nettement inférieur à 2 kg par ski et une fixation à pins rendent bien sûr la montée plus agréable qu'avec une fixation à cadre de 16 et des lattes de poudreuse de 2,5 kg. Mais si l'on n'est pas vraiment un empereur de l'endurance, le faible poids est généralement nécessaire pour pouvoir encore profiter de la descente après de longues montées. Ce n'est pas pour rien que l'on voit de plus en plus de skis en carbone avec des fixations à broches chez les freeriders.
La Zero G suit cette tendance : avec elle, on ne doit pas avoir peur des randonnées de plus de 1000 mètres. En montée, on remarque aussi le faible sidecut et la grande souplesse en randonnée, ce qui permet d'avoir une très bonne accroche sur la carre et de maîtriser sans problème de nombreuses traversées sur sol dur, sans devoir sortir les crampons. Les peaux de Blizzard correspondent également à l'image globale de ce freetourer haut de gamme. Elles sont très légères et un peu plus fines que les modèles comparables d'autres fabricants. La mise en place est simple et facile grâce à l'étrier à l'avant et au strap réglable à l'arrière. Les peaux offrent une bonne tenue en montée et collent bien au ski. Seules les températures très froides et le fait de les enfiler plusieurs fois dans la même journée font que la colle s'affaiblit un peu. La base des peaux semble un peu plus dure et on a l'impression que cela crée des plis lors du rangement, qui se remplissent de neige à la montée et font que les peaux ne collent plus aussi bien.
Conclusion
Le Blizzard Zero G 108 est un ski de free-touring de qualité avec de très bonnes performances à la descente et un poids réduit. Avec elle, Blizzard a réussi un grand pas en avant. Mais ce n'est pas la révolution annoncée. Même si la performance en descente est excellente, il existe déjà des skis sur le marché avec un rapport poids/performance en descente comparable. Mais cela ne doit en aucun cas diminuer la performance du ski, car les amateurs de skis durs avec une ligne de cotes réduite et un tail plat ont désormais le choix avec le Zero G, un ski dont le poids réduit n'implique guère de sacrifices en termes de performance en descente.
Avantages & inconvénients
+ Poids très faible
+ Performance en descente : fluide, puissant
+ Durabilité
~ Shape exigeant
- Prix
Informations
Longueurs : 171-178-185 cm
Taillabilité : 136-108-122 mm
Rayon : 27.0 m (185 cm)
Poids : 1.540g +/- 50g (171 cm) ; 0,79g/cm2
Construction : Sandwich Compound Sidewall ; Carbon Drive Technology
Vous trouverez les informations du fabricant ici.