Poudrerie 1 2022/23 | Début de l'hiver - Ce à quoi il faut faire attention

Les premières chutes de neige

Même et surtout si aucun bulletin de situation n'est encore diffusé, il convient d'observer la situation météorologique au début de l'hiver. Les premières chutes de neige de la saison ne sont généralement pas encore intéressantes pour le ski, mais elles constituent la base pour la suite ou l'évolution du manteau neigeux. Elles ont une influence déterminante sur le développement ou non d'un problème de neige ancienne en début d'hiver. Un tel problème de neige ancienne peut, dans le pire des cas, nous accompagner tout au long de l'hiver. Il est donc préférable de garder un œil sur l'évolution de la situation dès les premières chutes de neige!

Il faut notamment tenir compte de ce qui suit:

À quelle altitude et à quelle exposition la neige reste-t-elle, où fond-elle à nouveau ?
Est-ce qu'il y a un manteau neigeux sur toute la surface ou seulement un tapis de taches (pas de manteau neigeux continu)?

Un outil formidable pour cela sont les webcams ou les randonnées d'exploration de la neige à pied ou en raquettes.

C'est justement au début de l'hiver, quand il y a encore peu de neige, que les processus de transformation ont lieu de manière très importante. En effet, les premières chutes de neige sont souvent suivies d'une longue phase de beau temps avec 2 scénarios typiques:

1) Lorsque le temps est ensoleillé et doux, la neige tombée fond en grande partie. Ceci est en principe positif, car s'il n'y a pas de neige, aucune neige flottante ne peut se former. Il est donc moins probable qu'un problème de neige ancienne se développe au début de l'hiver. En haute altitude (2000-3000m) ainsi qu'en haute montagne (à partir de 3000m), en particulier sur les pentes raides exposées au nord, la neige reste cependant volontiers au sol, car il fait plus froid et, selon l'exposition, il n'y a plus de rayonnement solaire direct.

2) En revanche, s'il fait beau avec des températures froides, le manteau neigeux commence à s'irradier. Plus l'air est alors sec, plus ce processus a lieu. Le rayonnement refroidit fortement la surface de la neige. Une grande différence de température peut ainsi se former sur quelques centimètres, ce qui favorise extrêmement la transformation constructive. Les molécules s'agitent entre les différents cristaux de neige et travaillent à plein régime pour produire de la neige flottante au début de l'hiver. Selon l'intensité de la métamorphose constructive et la durée de la phase de beau temps, des couches meubles de cristaux anguleux, de facettes ou de cristaux en gobelets se forment (neige flottante). Cela peut concerner la surface de la neige, certaines couches, mais aussi tout le manteau neigeux.

Fondation de neige flottante au début de l'hiver

Stefanie Höpperger

Le gradient de température est déterminant

En haute montagne, où il y a souvent plus de neige très tôt, les couches fragiles se forment volontiers dans la partie centrale du manteau neigeux et à la surface de la neige. Aux altitudes inférieures, c'est souvent l'ensemble du manteau neigeux qui est concerné. La température de la neige mesurée à la surface de la neige et au sol reste la même, quelle que soit l'épaisseur du manteau neigeux. Cependant, le gradient de température, c'est-à-dire la variation de la température par centimètre de neige, est beaucoup plus important lorsque l'épaisseur de neige est faible. Plus la différence de température est importante sur quelques centimètres, plus la transformation constructive fonctionne. Plus la hauteur de neige est faible, plus la transformation de l'ensemble du manteau neigeux est rapide.

Sans planche, pas d'avalanche. Mais : risque de blessure!

Les couches de neige meubles et sans cohésion forment certes une couche fragile parfaite, mais il n'y a pas forcément de risque d'avalanche pour autant. Comme nous le savons, il faut trois ingrédients pour déclencher une avalanche : Une couche fragile, une planche (neige liée) et une pente suffisamment raide.

La neige meuble peut bien sûr être facilement transportée par le vent et former des paquets de neige soufflée susceptibles d'être perturbés. De même, la neige fraîche liée (tombée sous l'influence du vent ou de températures plus chaudes) qui se pose sur les couches meubles peut rapidement former la planche d'un éventuel déclenchement d'avalanche.

Cependant, s'il manque une planche de neige liée dans un manteau neigeux mince entièrement transformé par métamorphose constructive, le risque de blessure est plus problématique que le risque d'avalanche. En effet, la neige meuble ne forme pas une base portante et on s'enfonce jusqu'au sol. Les pierres et les crevasses ne sont souvent cachées que visuellement, on s'enfonce ou on reste accroché dans les pins et les roses des alpages. C'est pourquoi, selon la nature du sol, il n'est tout simplement pas encore possible de skier de manière raisonnable au début de l'hiver, même si certains le testent régulièrement. Le risque de se blesser est grand. Dans le meilleur des cas, on ne fait "que" ruiner ses skis.

Il est donc important de connaître le terrain en été ! Avec peu de neige et un manteau neigeux meuble, il est tout au plus possible de descendre de manière raisonnable en dehors des pistes préparées, sur des pentes de prairie ou sur des terrains glaciaires. Sur le glacier, il faut toutefois absolument tenir compte du risque de chute dans les crevasses!

La nature du terrain indique également si la couche de neige et une éventuelle couche fragile ne sont présentes que par endroits ou sur toute la surface. En effet, un sous-sol variable, subdivisé par exemple par des pins de montagne, des roses d'alpage ou des terrains en blocs, présente l'avantage considérable, du moins en cas de faible enneigement, qu'une couche fragile n'est pas contiguë sur une grande surface. Une rupture ne peut donc pas se propager sur de grandes surfaces et les avalanches ne sont alors pas trop importantes.

Fine couche de neige au début de l'hiver dans le Sellrain — Une fine couche de neige en début d'hiver à Sellrain

Stefanie Höpperger

Les secondes chutes de neige

Lorsqu'une phase de beau temps est interrompue par de nouvelles chutes de neige, la situation devient souvent critique. Pour évaluer s'il y a un éventuel danger d'avalanche dû au problème de la neige ancienne, il faut connaître les formes des cristaux à la surface de la neige et aussi les couches fragiles déjà présentes dans le manteau neigeux. Et ce, de préférence avant même que celles-ci ne soient enneigées par de nouvelles chutes de neige ! Bien sûr, il est également possible d'identifier les couches fragiles après les chutes de neige en examinant le manteau neigeux. Mais si on ne les a pas du tout sur l'écran, il peut être trop tard avant même d'établir le profil d'enneigement, car on a déjà déclenché une avalanche !

En résumé:

Surveiller le manteau neigeux dès les premières chutes de neige significatives:

Sur quelle exposition et à quelle altitude la neige se maintient-elle?
Le manteau neigeux est-il continu ou non?
Quel type de substrat (pierres, prairies, pins de montagne, roses alpines,...) ?
Quantité de neige?
Qualité du manteau neigeux : quelles formes de cristaux se trouvent dans le manteau neigeux et à sa surface?
Patience jusqu'à ce qu'il y ait suffisamment de neige pour pouvoir entreprendre des randonnées à ski raisonnables dans le terrain!