La météo est compliquée. Parfois plus, parfois moins : en raison de l'actualité, le BlogMétéo se penche aujourd'hui une fois de plus sur l'origine et l'interprétation des prévisions de précipitations. Ces derniers temps, l'excitation était à son comble dans les forums concernés. Dès le week-end, il est apparu que de la neige fraîche était prévue pour l'est et le sud de l'espace alpin. Des cartes de prévision de neige fraîche optimistes ont été postées, mais d'autres les ont jugées de manière critique. Analysons par exemple une conversation : La personne A poste le 14 janvier (lundi) la carte suivante:
Personne B le 15.1.13:
"les prévisions de neige sur bergfex sont à mon avis de toute façon complètement stupides... aujourd'hui ce qui était jaune hier (50-70 cm) est déjà en grande partie orange (10-15 cm). et depuis hier 7.00 il n'y a pas eu plus de 1 cm... " Personne C le 15.1.13:
"je ne peux qu'être d'accord
(ZAMG Schiwetter Neuschneevorhersage + Bergfex ) / 2 correspond à peu près (c'est même souvent en dessous), mais seulement 1-3 jours maximum à l'avance"
Commençons par la carte: Il s'agit d'une prévision de neige fraîche cumulée pour la période du lundi au samedi. Cela signifie que la neige fraîche qui tombe sur une certaine période est additionnée sans tassement. La période de prévision est de 144 heures (coin inférieur droit de la carte). C'est la première chose qui devrait nous interpeller sur cette carte. Selon les termes de notre oracle maison (nous lui pardonnerons sa syntaxe singulière) : "toutes les prévisions de précipitations sont à prendre avec précaution au-delà de 48 h." Un membre d'un forum météo se fait plus concret : "Ainsi, quiconque s'attache trop émotionnellement à des prévisions dépassant une période de 24 h et ayant trait à des précipitations dues à des dépressions adriatiques est à mon avis lui-même responsable s'il est ensuite déçu" Cela nous amène à la cause de l'agitation: la dépression adriatique. Elle a pu puiser l'air froid sur l'Europe occidentale et se renforcer dans la région méditerranéenne chaude et humide. Elle s'éloigne maintenant en direction de l'est. Selon la trajectoire exacte, il y a d'abord des effets de barrage sur l'est du versant sud des Alpes, puis au nord de la crête principale. Comme le sous-entend la citation ci-dessus, les différents modèles météorologiques ont du mal à gérer une telle situation, car de petites modifications de la trajectoire peuvent avoir de grandes répercussions sur la position du centre de gravité des précipitations. Venons-en à l'affirmation de la personne B : les prévisions pour la montagne sont, à part "des conneries complètes", un produit basé sur les calculs d'un modèle météorologique. Toutes les quelques heures, le modèle prend la situation de départ, y applique des algorithmes et débite un résultat. Si la situation de départ change, le résultat change également et donc, avec un peu de retard, la carte Bergfex ("aujourd'hui, ce qui était jaune hier est déjà en grande partie orange"). Le modèle ne peut pas se baser sur des valeurs empiriques (comment des situations similaires ont-elles évolué par le passé ?), ne connaît qu'une version très approximative de la topographie et ne peut pas tenir compte des effets de barrage locaux. Le modèle prévoit les précipitations sous forme liquide. Pour arriver aux cartes de neige, la pluie est convertie en neige par un autre algorithme. Là encore, c'est plus compliqué qu'on pourrait le croire. La personne C propose maintenant, pour une plus grande précision, de faire la moyenne entre les prévisions météorologiques pour le ski du ZAMG et la valeur Bergfex. Une idée particulièrement intéressante, pour laquelle nous tenons à féliciter expressément la personne C. La carte Bergfex est établie par le ZAMG (tout comme les prévisions du Powderguide) et se base exactement sur les mêmes données que les prévisions météorologiques pour le ski (le lecteur attentif aura remarqué le signe de copyright dans le coin inférieur gauche de la carte). Sur le site web de la ZAMG, on trouve la remarque suivante concernant la météo du ski : "Veuillez noter qu'il s'agit ici de prévisions automatiques basées sur des modèles, qui ne se basent que sur une partie des données dont disposent les météorologues du service de prévision. C'est pourquoi, dans certains cas, il peut tout à fait y avoir des différences avec les prévisions établies par le météorologue." En d'autres termes, "c'est ce que crache le modèle. Si vous voulez quelque chose de mieux, regardez les prévisions dans lesquelles nous appliquons notre longue expérience et notre connaissance des conditions locales au coup de pouce du modèle et adaptons les prévisions à la région." Le BlogMétéo n'aurait pas remarqué qu'un bulletin météo non purement informatisé aurait reproduit exactement le scénario de la carte Bergfex de lundi.
En résumé et pour conclure : le temps est compliqué. Parfois, c'est moins compliqué et parfois plus. Les prévisions de précipitations au-delà de 48 heures sont à prendre avec une grande prudence. Il ne faut pas entretenir une relation trop passionnelle avec les cartes 144 h Bergfex. Pour le reste, nous laissons en toute confiance notre collègue Oracle.
