Ciel sans nuages, 35°... tout en changeant mon pneu, je me demande si je vais trouver un de ces magnifiques trails dont on a tant entendu parler. Soudain, deux bikers bronzés du sud de l'Europe s'approchent de moi et me demandent s'ils peuvent me montrer un de leurs magnifiques home trails avec vue sur la mer. Oui, ils peuvent.
Chez les riches et ( ?) les beaux
Peu avant Monaco, dans la petite ville française de Menton, nous passons de la route au rail afin d'éviter le chaos des parkings de Monaco. Dès la sortie de la gare ou au plus tard dans le passage vers le centre-ville, entièrement recouvert de marbre, on remarque que le rapport à l'argent est ici un peu différent. La monnaie nécessaire est d'ailleurs indispensable si l'on veut se faire servir à l'Hôtel de Paris par exemple. Entrée à 460 euros, plat principal à 850 euros. Si l'on n'a pas sa carte de crédit platine sous la main, on peut s'offrir à la place une délicieuse baguette française avec du bon fromage à pâte molle de la région pour 3,90. Pas très sophistiqué, mais délicieux.
Après avoir repris des forces avec ce repas exquis, il faut visiter le port de plaisance mondialement connu en dessous du casino. Outre des bateaux de taille moyenne, on y trouve toutes sortes de yachts. Des yachts de taille normale, d'une valeur équivalente à celle d'une maison familiale, côtoient des yachts un peu plus grands. Ceux qui sont simplement grands, ceux qui sont deux fois plus grands, ceux qui sont plus grands avec un canot et ceux qui sont encore plus grands avec deux canots. On peut, non, "peut" discuter de la question de savoir si la catégorie suivante, aux dimensions d'AIDA, avec un hélicoptère et plusieurs annexes, compte encore comme un yacht ou déjà comme un bateau de croisière. Le mieux est bien sûr de boire un verre d'eau juste à côté du casino au Café de Paris pour 30 euros.
Rêve de motard et de gourmet
Il vaut mieux enfiler les protections puantes et faire voler la truie. De retour à Finale, le départ est donné peu après 9 heures du matin à la base de freeride de Finale. Les vélos sont rapidement chargés sur la remorque. Environ 25 minutes plus tard, Silvia, la chauffeuse et propriétaire, dépose les vététistes impatients au Passo Mendolo, dans l'arrière-pays ligurien.
Malheureusement, ce jour-là, les dieux de la météo ne nous étaient pas particulièrement favorables. Un épais brouillard nous a rappelé la fraîcheur de l'automne allemand. Mais les trails exigeants qui suivent font vite disparaître la déception liée à la mauvaise vue. Il est tout de même bien plus agréable de dévaler un trail après l'autre, bien au frais, par 20°, que de se sentir comme un poulet mariné au barbecue par 40°, dans des protections à l'odeur peu agréable.
Enrico, le guide, conduit toujours le groupe avec précision à travers l'arrière-pays ligurien. Tous les trails du matin ont environ 300-400 mètres de dénivelé et se déroulent toujours dans la forêt mixte méditerranéenne. La plupart du temps, les chemins ne dépassent pas la largeur du guidon et ne sont pas comparables aux chemins de moyenne montagne allemands sur le plan technique. Pour se sentir comme un surfeur, il faut donc disposer d'une certaine technique de base et d'une certaine expérience. L'alternance de rochers de schiste et de calcaire offre un terrain de jeu idéal pour le petit groupe, avec des virages relevés et des passages fluides sur un sol forestier rapide. Les premières heures passent comme un éclair. Enrico n'accorde qu'une courte pause à ses moutons haletants. À chaque carrefour, il attend brièvement la dernière voiture, puis continue son chemin.
Bien que la zone parcourue ne soit pas particulièrement étendue, on perd vite le sens de l'orientation dans les forêts. Les innombrables croisements des 15 parcours indiqués sur la carte générale se ressemblent tous pour les germanistes. La plupart du temps, ce ne sont pas les chemins indiqués qui sont empruntés, mais de petites variantes. Thilo et Judith, deux Munichois venus pour la quatrième fois, le confirment. C'est la cinquième fois qu'ils viennent ici et ils reviennent toujours. On leur montre constamment de nouveaux trails et il est rare qu'ils aient parcouru plusieurs fois le même trail.
La pause de midi se fait au Passo Mendolo, dans une auberge rustique, avec des tagliatelles et de la polenta faites maison. C'est très bon. Le stand de la ferme à côté, avec du fromage frais, de la charcuterie et d'autres produits de la région, sont si alléchants qu'on se surprend à vouloir arrêter la journée sur le champ pour s'adonner aux plaisirs culinaires.
OTAN vs. Russie
Mais les heures suivantes allaient montrer que c'était la bonne décision de rester fort. Même sans les kilos en trop, les suspensions sont mises à rude épreuve. Les trails de l'après-midi partent tous d'une base de l'OTAN abandonnée ou de son terrain d'atterrissage pour hélicoptères. Le brouillard et le ronronnement inquiétant des éoliennes à quelques mètres de là donnent à l'endroit une atmosphère très particulière. On ressent encore vraiment la guerre froide. Ilya, un passager russe, plaisante encore à cette vue : "Vous aussi, les Européens, vous n'auriez pas pensé dans les années 70-80 qu'il y aurait un jour un Russe ici ?" Enrico et Jean Michelle, un autre guide qui nous a rejoints, ne se laissent évidemment pas faire et montrent avec deux beaux manuels qui est le chef ici en Ligurie. Le rapport de force est rétabli, nous continuons.
Les forêts mixtes à cette altitude d'environ 1000 mètres me rappellent fortement les trails de mes régions natales de l'Odenwald et de la Pfälzerwald. À la petite différence qu'ici, il ne faut pas craindre de se faire tirer dessus par le garde forestier si on dévale les sentiers à toute vitesse. Sauf le mercredi et le dimanche. C'est alors le jour de la chasse.
Vers 17 heures, la journée se termine progressivement : le dernier run Madonna della Guardia offrait encore une fois, sur 700 mètres de dénivelé, tout ce que le cœur du freeride peut désirer. Des virages relevés en masse, des sections de vitesse avec de petits sauts et des parties raides techniques se sont alternés. Depuis Calice Ligure, les derniers mètres sont parcourus confortablement en navette jusqu'à Finale. Après une telle journée de folie, il ne manquait plus qu'une chose : un bain rafraîchissant dans la mer. Mais cela n'a pas été le cas. Le diable de la plaque ligurienne avait frappé. Ce n'est pas rare sur ce terrain exigeant en matériel. Une chambre à air de rechange et un kit de réparation devraient toujours être présents sur les roches calcaires pointues.
Trails côtiers
La journée de navette dans l'arrière-pays n'a pas eu lieu sur la côte en raison des températures trop élevées et du faible dénivelé. Il s'agit donc d'explorer la région par soi-même : La carte de Finale Freeride en main, je me dirige vers la zone Le Manie, entre Finale et Varigotti. Lors d'une courte pause pour changer une chambre à air, deux Italiens m'interpellent. Ils sont habillés en costume du pays (torse nu) et se proposent comme guides sur leur home trail. Le ciel est bleu, un trail côtier caché est facile à parcourir, et c'est parti. Les derniers rayons de soleil de la journée se perdent derrière les montagnes côtières lorsque nous atteignons le village, où nous dégustons un espresso Doppio parfait au café de la plage. Une dolce vita digne d'un roman à l'eau de rose. Merci à Bruno et Giancarlo pour cette belle expérience.
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Conclusion et conseils de voyage
Finale me reverra certainement à l'avenir. Je referai certainement appel à la navette pour vélos. Mais ce ne sera pas pendant la période de vacances principale, au cœur de l'été. Au printemps et en automne, la vie en camping et à vélo est certainement plus agréable, avec des températures agréables et moins de tourisme.
Conseils pour les cyclistes
Des informations et des cartes sur les parcours sont disponibles sur le site de Finale Freeride.
Tous les parcours sont libres d'utilisation. Le service de navette circule tous les jours sur demande : prix 35.- par jour/personne. Outre Finale Freeride, il existe d'autres prestataires de navettes. J'ai choisi Finale Freeride car ce sont eux qui ont construit toutes les pistes, qui les entretiennent et qui en construisent une autre chaque année. Bien que le camp de base de Finale Freeride dispose de toilettes, de douches, d'un bike-wash, d'un bikepark avec north-shore, de boissons fraîches et d'une place pour camping-cars, il manque ici une touche personnelle. Immédiatement après le déchargement, tout le monde prend la poudre d'escampette. Même la patronne est partie au bout d'une heure. On se sent ici uniquement comme un client payant et on ne partage pas ce que l'on a vécu ensemble en groupe.
Se faire montrer la région pendant au moins une journée est particulièrement recommandé pour tous ceux qui ont des problèmes avec les cartes topo. Il est très difficile de s'orienter sans points de repère.
Conseils de voyage
San Remo, Monaco, Nice, Cannes St. Tropez, par la Via Aurelia env. 3-4 heures, par l'autoroute env. 1,5 heures (env. 20.-)
Belle plage de sable entre Alassio et Leigueglia.
Bussana Vecchia : ville médiévale sur un haut plateau. À Bussana, suivre les indications.
Sur l'itinéraire de D via CH ou Ö : Milan, Turin, Lac de Garde, Lac Majeur.
Hébergement
Les hébergements adaptés aux cyclistes sont par exemple l'hôtel Florence. L'auberge de jeunesse, qui se trouve dans un château récemment restauré légèrement au-dessus de Finale et qui offre un magnifique coucher de soleil pour environ 15 euros par nuit, est un bon tuyau.
Les campeurs peuvent se rendre dans l'un des nombreux campings de l'arrière-pays. Au Manie (à environ 5 km en voiture ou 30 min à pied de la mer), il y a trois emplacements dans une fraîche forêt de conifères, les uns à côté des autres. Sécurisé, y compris les installations sanitaires, on peut aussi passer la nuit sur l?esplanade de Finale Freeride (1 km de la mer) pour 15.- ; gratuitement sans clôture et douche/WC, on peut se tenir sur le parking ou le terrain de foot juste devant. Les terrains de camping au bord de la mer sont très rares ; presque partout le camping est interdit et n'est pas non plus conseillé pour des raisons de sécurité.