Nous ne croisons presque aucun véhicule sur la route menant de Baqueira-Beret, dans la partie espagnole des Pyrénées, à Andorre. Après deux heures de montées et de descentes incessantes sur les routes étroites qui traversent le Port de Bonaigua et le col d'El Cantó, la mer de lumières du nirvana du shopping détaxé qu'est l'Andorre se détache de l'obscurité.
Comme si nous avions été téléportés d'une seconde à l'autre dans un autre monde, nous traversons la frontière de l'État nain. Le plus grand des six États nains européens est considéré comme un paradis du shopping. Les centres commerciaux se succèdent et à Andorre-la-Vieille, nous avons presque l'impression d'être à Manhattan. Sauf que tout autour, les montagnes s'élèvent jusqu'à 2900 mètres dans le ciel.
L'hôtel Rutllan dans la petite localité de Massana est rapidement trouvé. La clientèle ne pourrait pas mieux représenter les deux côtés de l'Andorre : Des hommes âgés et sportifs qui veulent remettre le couvert à ski, accompagnés de dames au look de tigre qui sont apparemment venues ici principalement pour faire du shopping.
Vallnord est considéré comme la région de freeride d'Andorre. Pour être précis, c'est surtout le Secteur Arcalis qui offre des couloirs, des falaises et des pentes raides. Nous commençons la journée par le fauteuil L'Abarsetar, qui part directement du parking. La forêt clairsemée sur les pentes du Pic de l'Hortell est faite pour l'action de treeski. C'est surtout en cas de neige fraîche et de mauvaise visibilité que les freeriders d'Andorre, d'Espagne et de France s'y retrouvent.
La colline des Portelles est le point central du Secteur Arcalis. Nous mettons rapidement les skis sur l'épaule et montons une bonne centaine de mètres de dénivelé pour atteindre les couloirs du Pic d'Arcalis. Malheureusement, nous ne trouvons plus de poudreuse. Deux semaines se sont écoulées depuis la dernière chute de neige. Pourtant, les conditions à Arcalis sont tout à fait correctes. Arcalis est considéré comme un trou à neige, où il tombe souvent deux fois plus d'or blanc que dans les vallées voisines.
La neige gelée et les petits morceaux de glace se détachent à chaque saut et pourtant, même dans ces conditions, un tel couloir ombragé peut être amusant.
Le télésiège des Creussans permet de monter jusqu'à Cota, le point culminant du domaine skiable à 2625 mètres. Les pentes du téléski des Creussans sont considérées comme un domaine purement freeride : il n'y a pas de pistes préparées ici. Maintenant, vers midi, la neige a déjà formé du névé sur les pentes ensoleillées. Nous faisons rapidement deux ou trois runs avant que la neige ne devienne trop molle.
Vers 14 heures, nous nous tournons vers les côtés encore plus agréables d'Arcalis. Le restaurant des pistes de La Coma est connu pour ses spécialités andorranes. Et nous sommes très étonnés lorsque la fondue au fromage est servie dans une miche de pain évidée au lieu d'un caquelon à fondue. Il est clair qu'après un tel festin, nous choisissons le chemin direct vers le parking.
Le deuxième matin à Andorre, nous laissons la voiture dans le garage de l'hôtel. Juste en face de l'hôtel, au troisième étage d'une maison de ville, se trouve la station inférieure de la télécabine de La Massana. De là, nous montons dans le Secteur Pal qui, avec le Secteur Arinsal, constitue la deuxième partie du Vallnord.
Les montagnes de ces deux secteurs ne sont plus aussi abruptes qu'autour d'Arcalis. Nico, un local d'Andorre, est heureux de nous faire découvrir le domaine skiable. C'est surtout sur les pentes du Pic del Cubil que les freeriders trouvent de vastes treeruns. Comme la plupart des skieurs hors-piste sont plutôt attirés par Arcalis, les pentes du Cubil sont plutôt rarement empruntées.
Une grande télécabine nous emmène dans la région d'Arinsal. Comme hier à Arcalis, il y a aussi une petite zone de freeride au Pic de La Capa. Après quelques heures de ski, nous prenons finalement place sur la terrasse ensoleillée et nous nous allongeons confortablement au soleil en dégustant la première caïpirine de piste de notre vie.