Certains affirment pouvoir sentir la neige. Que ce soit vraiment l'air froid arctique que l'on devine ou que le Père Gel ait allumé une bougie parfumée, qui sait. Ce qui est sûr, c'est que quelque chose se prépare au nord et que lorsqu'il atteindra les Alpes, nous serons tous plongés dans le chaos de la neige. C'est du moins ce que veulent les alertes météo diffusées par tous les médias.
En fait, nous avons affaire à une situation de creux exemplaire sur l'Europe centrale. Alors qu'un anticyclone prononcé se maintient depuis plusieurs jours déjà sur l'Atlantique, une dépression de plus en plus forte se développe sur la Scandinavie. L'anticyclone et la dépression se déplacent de telle sorte qu'ils se trouvent presque côte à côte et que les gradients de pression les plus forts (régions où les lignes blanches de géopotentiel sont serrées) se situent sur un axe ouest-est (de rouge à bleu). Le jet, la bande de vent fort qui détermine le temps dans la haute atmosphère, est presque parallèle aux isobares, c'est-à-dire qu'il suit les lignes de même pression (ou de même géopotentiel, lignes blanches). En raison de la position des centres de pression (anticyclone et dépression) et des forts gradients de pression, nous arrivons donc dans un courant d'air ascendant très marqué vers le nord, qui apporte de l'air polaire froid à l'ensemble de l'espace alpin, comme on peut le voir sur la carte Theta-e. (Champ bleu)
Dans cette masse d'air froid, des systèmes et des fronts plus petits sont intercalés...
qui apportent de l'humidité et des précipitations. Sera-ce donc l'arrivée définitive de l'hiver tant attendue ? Les domaines skiables auront-ils leur base pour la saison, ou n'y aura-t-il à nouveau que quelques flocons et des sommets sucrés ? L'élément le plus prometteur de la situation météorologique actuelle est la présence d'un barrage de nord, en raison des forts courants d'air. De l'air humide est soufflé sur l'Allemagne en provenance de Scandinavie, jusqu'à ce qu'il atteigne les Alpes ou les montagnes moyennes allemandes et doive s'échapper vers le haut. Plus il monte, plus il est froid. L'air plus froid peut absorber moins d'eau que l'air chaud et c'est ainsi que notre air neigeux atteint bientôt le point de saturation, où les nuages se forment et les précipitations disparaissent.
Dans les situations de barrage typiques des Alpes du Nord...
qui sont favorisées par un tel temps, on peut tout à fait s'attendre à un mètre ou plus de neige fraîche d'ici mardi. L'issue favorable pour la crête principale et l'endroit exact où seront enregistrés les maxima de précipitations dépendront du comportement exact de l'écaille d'air chaud qui se dirige vers les Alpes depuis l'ouest. (Le triangle vert à l'ouest des îles britanniques dans l'image ci-dessus, qui se déplace ensuite vers le sud-est, compare les cartes sur www.wetterzentrale.de/topkarten).
Les vallées alpines se remplissent d'air froid
Dans les prochains jours, les vallées alpines se rempliront de l'air froid en provenance du nord dont nous avons déjà parlé. Si de l'air chaud se glisse au-dessus de ces masses d'air plus froid, l'air chaud se soulève et, comme dans le cas des effets de barrage en montagne, des précipitations parfois très abondantes se produisent.
La règle pour les jours à venir est donc la suivante : S'entraîner à monter des chaînes à neige et ne quitter la maison qu'avec un équipement de ski complet. Ceux qui n'ont pas de peaux pour s'amuser dans la forêt plus contrastée en cas de tempête devront sans doute jouer de leur charme et soudoyer les exploitants de remontées mécaniques ou se contenter de whiteout dans les domaines skiables des glaciers déjà ouverts.