LA : En tant qu'écologue, tu t'intéresses aux interactions dans la nature. Peux-tu expliquer brièvement ce que recouvre exactement l'écologie?
KW : L'écologie est un domaine très vaste et, en fait, la science de l'équilibre de la nature. Elle englobe l'échange de différentes substances et systèmes, comme par exemple les nutriments, les êtres vivants ou encore l'échange d'énergie. Le meilleur exemple est celui d'un lac : on peut le délimiter dans l'espace, mais il est toujours en échange avec l'environnement environnant. En tant qu'écologues, nous étudions comment fonctionnent les processus, les flux de matières et les échanges avec l'environnement dans de tels écosystèmes.
Vous vous concentrez sur les lacs et les glaciers. Comment les lecteurs peuvent-ils se représenter ton travail ?
Précisément, je travaille dans le domaine de l'écologie aquatique et je m'intéresse à l'eau douce sous toutes ses formes et dans tous les états de la matière. Selon moi, un glacier est aussi un cours d'eau, il s'écoule simplement lentement. Nous nous intéressons principalement à l'écologie microbienne, c'est-à-dire surtout aux processus d'échange des micro-organismes. Pour cela, nous observons beaucoup, surtout sur le long terme, car la vie dans les glaciers se déroule au ralenti. Nous nous déplaçons beaucoup dans les régions de haute montagne, sur les glaciers, mais aussi dans les grottes de glace ainsi que dans les régions alpines et polaires. Le point de départ est toujours une question scientifique, nous prélevons des échantillons sur les glaciers et les analysons ensuite en laboratoire.
Le changement climatique met à mal les glaciers locaux. De ton point de vue, que peut-on encore faire contre la fonte des glaciers ?
Les bons experts pour ce genre de question seraient en fait des glaciologues, nous sommes en effet des biologistes. Mais nous suivons bien sûr le sujet de très près. Il n'y a pas si longtemps, on a parlé de la Weißseespitze, entre le Tyrol du Nord et le Tyrol du Sud, à 3.500 mètres d'altitude, et du fait que 0,6 mètre de glace y fondait en moyenne chaque année. Pour empêcher ou réduire ce phénomène, seules des mesures à long terme telles que la réduction des gaz à effet de serre ou la minimisation des émissions de CO2 sont utiles. C'est certainement ce qui a l'effet le plus durable. Mais on sait aussi aujourd'hui que même si nous prenons des mesures maintenant, de nombreux glaciers seront déjà perdus. Les plus grands glaciers pourraient s'en sortir si nous réduisons nos émissions. La forme la plus durable n'est donc pas de lutter contre les symptômes, mais de s'attaquer à la racine du problème et d'endiguer le changement climatique.